La votation suisse sur l'introduction d'un revenu de base inconditionnel n'est pas seulement un grand pas pour la Suisse. Elle est également devenue emblématique pour le débat mondial sur l'avenir du travail.
Le livre pour la votation de Daniel Häni et Philip Kovce, «Was fehlt, wenn alles da ist? Warum das bedingungsloses Grundeinkommen die richtigen Fragen stellt» (Que manque-t-il quand tout est là? Pourquoi le revenu de base inconditionnel pose les bonnes questions.), publié par Orell Füssli, est a été traduit en français sous le titre «Liberté toujours» et peut être commander en version papier ou électronique chez Globus.
Le président de SwissICT, Thomas Flatt , en faveur du revenu de base inconditionnel (votation le 5 juin) :
Désormais, nous sommes définitivement arrivés dans le monde réel. Nous faisons partie de l’establishment. Non seulement nos représentants se font soudain élire dans les parlements nationaux, mais nous étions aussi à Davos ou, plus exactement, ce que nous avons inventé et inventerons encore était le thème central à Davos 2016. Comme toujours, les mauvaises nouvelles se vendent mieux que les bonnes. C’est la raison pour laquelle l’annonce que ces prochaines années, cinq million d’emplois disparaîtront dans les pays industrialisés. Ces estimations sont en dessous de la réalité. Selon d’autres études, ce sont 50% des emplois qui passeront à la trappe au cours des prochaines 10 à 20 années.
Les TI créent pourtant aussi des places de travail, et même en grand nombre, répondent nos optimistes avec grande fierté. Cela ne fait aucun doute et ce sera certainement très facile pour les chauffeurs de taxi, travailleurs de l’industrie et autres collaborateurs de centres d’appel de se recycler en spécialistes de la robotique et développeurs de logiciels. Ce sera aussi bien plus facile que l’est aujourd’hui la recherche d’emploi pour un informaticien âgé de 50 ans. Mais ne nous laissons pas intimider par le pessimisme partisan de ceux qui considèrent les réalités d’hier comme éternelles. Nous avons survécu à l’invention de l’électricité, de la machine à vapeur, du chemin de fer, de l’automobile et à bien d’autres encore – des industries nouvelles sont apparues puis ont disparu, des emplois ont été créés, puis détruits et remplacés par de nouveaux. La même chose va se produire aujourd’hui – ou peut-être pas. En tout cas, les gagnants seront ceux qui anticipent aujourd’hui déjà ce qui sera la réalité dans cinq ou dix ans et orientent leur production et leurs services vers ce monde, ce monde futur. [+]
Le revenu de base inconditionnel (RBI) pour tous, sur lequel les Suisses voteront le 5 juin prochain, est la réponse logique à une évolution qui découple toujours plus l’économie, et donc la protection sociale, de l’emploi, plaide Ralph Kundig. Il est le président de BIEN-Suisse, l’association qui milite pour l’introduction d’un RBI en Suisse
Big data, machine apprenante, digitalisation, open source, autant d’évolutions qui menacent le travail même très qualifié. Le chômage augmente, la facture sociale explose alors qu’il y a de moins en moins de travailleurs pour la payer et que la croissance économique est en berne. L’évolution en cours sonne le glas d’une économie et d’une protection sociale fondées sur l’emploi.
Aujourd’hui déjà, le salaire n’est plus corrélé à l’utilité réelle du travail. Seuls 40% de la population touche un revenu de son travail. Le reste exerce l’activité aussi nécessaire à la production de richesse, mais non payée, comme s’occuper des proches, se former, travailler bénévolement, développer la culture ou l’art. Au XXIe siècle, il est obsolète de considérer le travail payé comme seule source de revenu, d’intégration sociale et de valeur humaine.
Le vingt-et-unième numéro de la revue interdisciplinaire de sciences sociales « A Contrario », consacré entièrement au revenu de base, est paru :
« Un revenu de base – une responsabilité citoyenne »
A contrario N°21, Serge Margel (dir.), 172 pages.
Consultation en ligne sur Cairn.info et en vente sur le e-readers.ch. [+]