Sous la pluie, les signatures...
Il pleut. Sans interruption, depuis trois jours. A la “Banane”, la cafetaria de l’UNIL, je retrouve Lysiane, pour une nouvelle récolte de signatures. L’autre jour, au marché de Morges, pour mes premiers pas en tant que militant du RBI, j’ai accompagné Jacques, vieux briscard très affable et efficace, avec tout le monde – mais aujourd’hui, il s’agira de voler de ses propres ailes.
J’enfile donc ma petite pancarte et... “En voiture Simone”, me voici en train d’arpenter la terrasse en balcon de la cafetaria, laquelle fait face au lac Léman, dont les eaux grises et perlées forment devant nous un majestueux horizon. Quelques étudiants font la pause. Chance : je tombe d’emblée sur trois Tessinois qui, l’un après l’autre, signe l’initiative les yeux fermés. Youpie ! C’est un début très encourageant, mais après... plus rien. Les gens défilent sous mon nez et je demeure là, bloqué, impuissant, trouvant toujours un prétexte pour me dire : “Non, celle-ci ou celui-là, cela ne marchera pas...”. Et il me faudra bien un bon quart d’heure pour m’y remettre et tomber cette fois sur une jolie étudiante lausannoise, qui ne demandait qu’à signer. Dans la foulée, deux ou trois signatures viendront compléter mon modeste palmarès. Mais après tout, chaque signature compte, n’est-ce pas.
C’est ce que je me dis en rejoignant Lysiane, en pleine discussion avec une personne qui ne semble pas du tout favorable au RBI. “Mais alors, que proposez-vous pour remplacer ce modèle de société qui s’effondre, comme chacun peut le voir” lui dis-je, me mêlant à leur conversation. Ma réflexion trouble un peu notre interlocuteur, par ailleurs très ouvert et prêt à discuter. “Et bien, il faut règlementer, dit-il après un petit temps d’hésitation. Mettre au pas les Chinois et les Américains”. D’accord, réglementons. Mais pas n’importe comment et uniquement sur des bases économiques. Réglementons aussi sur des bases étiques – lui dis-je – cela existe déjà, cela s’appelle “l’économie citoyenne”. En Autriche, d’où le mouvement est parti sous la houlette du jeune économiste Christophe Felber, plus de 600 entreprises ont déjà signé une charte de ce type, qui définit les conditions de travail, l’égalité de salaire homme-femme, l’utilité du produit, la façon dont il fabriqué, son recyclage, etc. En Suisse aussi, à Bâle par exemple, des entreprises commencent à signer ce type de charte.
Et pourquoi pas développer une “économie citoyenne” et en même temps mettre en place le RBI ? Pourquoi une chose devrait en effacer une autre, selon des conceptions un peu désuète Non, une chose en n’efface pas une autre, mais elle la complète. C’est d’ailleurs la philosophie que développe et partage un mouvement citoyen devenu aujourd’hui un parti connu sous le nom de “Politique Intégrale”. A suivre…
jlg
Commentaires
Une magnifique occasion
Mais une chose qu'on remarque assez vite, c'est qu'en la matière, l'échec n'existe pas. Chaque rencontre est productive. La relation ne laisse personne intact, ni la personne sollicitée, ni celle qui récolte. Pas besoin de trop s'inquiéter donc si quelqu'un semble peu disposé. Nous lui laisserons un imprimé et le souvenir d'un contact agréable, sans insistance et sans regret. Ce souvenir lui reviendra certainement la prochaine fois qu'il sera à nouveau en présence de l'un d'entre nous.
Sans regret non plus parce que chaque tentative nous grandit et nous permet d'améliorer notre manière d'agir. Et si nous arborons des pancartes, dossards, badges, et autres signes bien visibles de l'initiative, nous la servons même si nous nous sentons parfois pas trop d'établir le contact. Celui-ci aura déjà été fait visuellement, le Signe aura été montré. Il arrive souvent que des personnes viennent spontanément à nous un autre jour pour satisfaire leur curiosité à propos de notre démarche et de ce que nous voulons communiquer.
Faire signer l'initiative nous permet de rencontrer l'autre. N'est-ce pas là une magnifique occasion ?