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Une soirée au salon bleu

Petit dialogue  impromptu à propos d'une conférence organisée par BIEN cet automne à Lausanne, au Casino de Montbenon. Invités: des personnalités de la Gauche, des Intellectuels et un représentant de l'association (ouf). Cela donne ceci:

 

UNE SOIREE AU SALON BLEU
ou
Un projet qui divise la gauche

 

Le modérateur : et pour commencer, je donne la parole à Yannick :

S’ensuit une courte présentation historique de l’idée d’un revenu de base, des enjeux qui gravitent autour, et le moyen de réfléchir à des étapes pragmatiques pour parvenir à l’institutionnaliser.

Le Modérateur : merci Yannick. C’était très intéressant. Je laisse maintenant à Bernard le soin de...

Bernard (voix de stentor) : Oui ! Et d’abord, il faut changer la règle du jeux de la valeur économique dans le capitalisme, qui repose de manière mortifère sur le temps de travail, le droit à la propriété lucrative, et ce qui en découle directement, les propriétaires demandeurs d’emplois, ainsi que la création de la monnaie et du crédit bancaire... (vingt minutes plus tard)... et surtout aligner tout le monde sur les retraités et les fonctionnaires par un salaire universelle, c’est à dire un salaire socialisé, en le finançant par la population, par le biais d’une cotisation sur l’ensemble du PIB...

Le modérateur : Merci Bernard, je passe la parole maintenant...

Bernard :... alors nous pourrons enfin envisager la disparition du patrimoine et de la propriété lucrative, remplacée par la propriété d’usage collective, oui ! Et des banques remplacées par des caisses d’investissements publiques, ha ha ha ! Et de l’impôt remplacé par une cotisation sociale chargée de financer les services publics, et...

Le modérateur : Merci Bernard.

Bernard : ... car les femmes ne sont pas des hommes, et les hommes ne sont pas des femmes. Les femmes sont très utiles bien sûr, mais elles ne produisent rien de valable, selon le modèle capitaliste, d’ailleurs les retraités aussi sont des femmes...

Le modérateur Merci...

Bernard (furieux) : et je ne vous ai encore rien dit sur les pays bismarkiens ou beveridgiens qui sont à la base de ce que l’on pourrait nommer, si j’ose dire...

Le modérateur : MERCI BEAUCOUP BERNARD !

Ce dernier se tait enfin, la face rougeaude et fumante.

Le modérateur : en revanche, vous Romain, je crois que vous n’êtes pas d’accord...

Romain : je suis contre le RBI, Je n’aime pas du tout le RBI, je le déteste. Cette initiative funeste est une grave faute politique car elle laisse le choix des moyens de production au monde capitaliste. Et moi je suis marxiste. Marxiste de tous les pays, unissez-vous contre le RBI !... (La salle murmure)... de toute façon, cette initiative ne passera jamais, c’est bien fait pour vous, na !

La conclusion revient à Gabriel :

Gabriel, très calme et posé: ... définir la valeur de la personne par le salaire est une chose affreuse. Il faut casser cela. Le grand mérite de cette l’initiative est précisément de proposer un revenu SANS CONDITION. Toute condition détruit la dignité de la personne.

Applaudissement nourrit de la salle.

Fin du débat.

Commentaires

A propo du décompte

Cher modérateur,

 

Je vous remercie d'avoir compris que ce petit texte s'adressait aux rieurs, ou à ceux qui se permettent encore de sourire, et qu'il n'avait en aucun cas la vocation d'être un article sérieux sur le sujet. Vous pourrez lire les raisons, à mon sens, de la publication de ce texte volontairement burlesque dans la réponse que je fais au commentaire de Stéphanie Pache.

 

Merci encore de nous révéler le décompte des temps de parole. C'est très intéressant mais cela démontre tout de même, il me semble, un grand déséquilibre entre les participants (par exemple 20 minutes de différence entre Bernard Friot et Romain Felli)?...

 

Tout ceci n'est pas si important, bien sûr. Ce que nous souhaitons tous, n'est-ce pas, c'est la réussite du RBI!

Bien à vous

Jean-Luc Guignard

 

Jean-Luc Guignard's blog

salon bleu

Cher détractrice,

 

Ce petit texte ne se veut pas un compte-rendu, bien entendu, et vous remarquerez que tout le monde en prend pour son grade, de gauche à droite. Donc, prenons ceci pour ce qu'il est, c'est à dire une satyre, sensée faire sourire les visiteurs de ce blog - si ce n'est pas encore interdit.

 

Mais derrière la caricature se cache souvent une part de vérité. En effet, je pense que ce débat est trop intellectualisé, non seulement ici, lors de cette soirée, mais un peu partout, y compris chez les partisans du RBI, alors que le problème se situe plus simplement au niveau de la dignité humaine, comme l'a rappelé si justement Gabriel Barta. Et financièrement, il peut être réalisé demain matin, si l'on veut. Alors, de quoi parle-t-on? On prophétise beaucoup aujourd'hui, on suppute, on imagine que, mais à mon sens, le résultat de la mise en oeuvre d'une telle mesure serait si vaste dans la société qu'il est bien difficile d'en évaluer toutes les conséquences. Sinon, sans doute, la suppression de la misère, ce qui serait vraiment une bonne chose. 

 

Jean-Luc Guignard

Jean-Luc Guignard's blog

Décompte

Les rieurs feraient mieux de compter attentivement… Lors des présentations, le décompte des temps de parole cumulés est le suivant:

- Yannick Vanderborght: 17 minutes

- Bernard Friot: 23 minutes

- Gabriel Barta: 6 minutes

- Romain Felli: 3 minutes

(soit un déséquilibre de 3 minutes sur une première partie du débat qui en dure 50)

 

Le déséquilibre est il est vrai davantage prononcé dans la seconde partie, celle où les invités ont répondu aux questions de la salle, mais celles-ci s'adressaient pour la plupart directement à l'un ou l'autre des intervenants. À la fin du débat, aucun de ces derniers ne s'est d'ailleurs plaint de ne pas avoir pu développer ses idées, et je rappelle aux personnes présentes que la discussion a continué de manière informelle pendant au moins une heure après le débat enregistré. D'un point de vue démocratique, j'ai trouvé que c'était un très bel exercice de discussion publique d'un problème politique qui nous concerne toutes et tous.

 

Enfin, pour celles et ceux qui préfèrent les "débats" où l'animateur coupe sans arrêt la parole aux intervenants, je ne peux que vous conseiller de regarder sagement Infrarouge ou d'écouter Forums…

 

Cordialement,

Le modérateur (amateur, en effet, mais ce ne sont pas les partisans du RBI qui vont me le reprocher, quand même!)

Bravo la désinformation

Le texte ci-dessus est hallucinant de mensonge ou (et?) de bêtise.

D'abord le débat n'était pas organisé par BIEN mais par le mensuel Pages de Gauche et il n'y avait pas de représentant de "la Gauche, à moins que cela recouvre toutes les personnes se disant "de gauche".

Ensuite, et si nécessaire l'enregistrement est là pour le prouver, si Bernard Friot est en effet un orateur qui aime parler et expliquer ses positions, tous les intervenants ont pu s'exprimer et les différences qui les divisaient clarifiées.

J'étais présente pendant tout le débat et après, et les personnes du public ont rapporté des avis positifs sur son déroulement. Je n'ai pas entendu de plainte de ce genre de la part de l'assistance pendant le débat ni après. Je pense qu'il ne faut pas considérer ce ridicule pseudo-compte rendu comme représentatif.

Enfin Pages de Gauche a précisément publié un dossier sur le RBI (http://gauche.ch/pdf/Pdg_113.pdf), sujet qui divise la gauche en général et je trouve vraiment malhonnête de présenter l'évènement qui a été organisé comme partial, alors que non seulement les temps de parole ont permis d'exprimer les positions de chacuns, mais qu'en plus un long échange a eu lieu entre le public et les intervenants.

Comme je ne pratique pas l'anonymat, quant à moi et contrairement au commentaire précédent cautionnant avec une lâche absence de signature des propos diffamatoires, je suis une membre de la rédaction du mensuel Pages de Gauche et j'écris ici de mon propre chef et sans avoir consulté mes collègues.

Stéphanie Pache

Un jeu amusant

Moi aussi, j'ai assisté au débat et je peux dire que votre compte rendu donne une impression très fidèle du déroulement de la soirée. Le modérateur du débat n'a en effet pas su modérer le flux intarrisable de M. Friot, soit qu'il n'avait pas la moindre idée de ce que c'est que modérer un débat, soit qu'il était son partisan convaincu…

D'ailleurs ce site web vient de mettre en ligne un jeu très amusant avec l'enregistrement audio de la soirée. Pour gagner: en cliquant au hasard dans la barre de lecture, il faut arriver à entendre quelqu'un d'autre que M. Friot… cheeky