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Compte-rendu du 14e Congrès BIEN du 14 au 16 septembre 2012 : Des chemins vers le revenu de base inconditionnel

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450 participantes et participants se sont retrouvés au 14ème Congrès mondial pour présenter, écouter et débattre, dans les locaux du Wolf-Ferrari-Zentrum, à Ottobrun près de Munich. Le réseau allemand avait mis à disposition des infrastructures parfaites et conviviales pour les rapports et les discussions venant de tous les coins de la planète.

Le discours d'ouverture a été confié à Goetz Werner, dirigeant de la chaîne allemande de drogueries "dm", devenu ces dernières années une figure de proue du mouvement pour le revenu de base en Allemagne. Il a présenté le revenu de base inconditionnel comme une révolution copernicienne dans la manière de comprendre et d'organiser la société moderne. Il faut changer notre manière de penser. "Le revenu ne peut être le résultat du travail, car il nous faut un revenu avant de pouvoir travailler." "Ne parlez pas de l'argent pour le financement. L'argent est ce qu'il est, du papier. Ce qui importe, ce sont les biens disponibles. Est-ce que nous manquons de biens disponibles ? Aucunement, au contraire ! Donc le revenu de base est faisable et finançable." Il a évoqué les force positives qu'un revenu de base peut libérer, et en bon entrepreneur il propose que chacun-e agisse, désormais, comme "entrepreneur de soi-même" ("Unternimm die Zukunft – unternimm dich selbst"), ce qui sera possible grâce au revenu de base. Pour terminer il a fait cadeau de son nouveau livre «Das Grundeinkommen – Würdigung, Wertungen, Wege» à tous les participants et participantes.

Après ce coup d'envoi, on se mit au travail dans les différents ateliers et groupes de discussion – au total plus de 60, avec des exposés de 150 intervenants provenant de 30 pays. Un point fort a été l'évolution de la conception et de la pratique du RBI au Brésil. En effet, la Bolsa Familhal couvre toujours plus de gens, mais les faiblesses en matière d'administration et le problème de la surveillance croissante démontrent qu'il devient de plus en plus urgent d'instaurer un véritable RBI, tel que stipulé dans la Constitution brésilienne. Ce point a été souligné par Bruna Augusta Perreira, du réseau républicain ReCivitas, dans un discours engagé que le sénateur Eduardo Suplicy a promis de soumettre à la cheffe du gouvernement brésilien, Dilma Roussef, en personne.

<p>Les rapports sur le village de Omitara/Otjivero furent très sobres : après la fin officielle du projet pilote et se son financement, les coordinateurs ont pu verser encore 80% du revenu de base initial jusqu'au mois d'avril 2012 – et encore un paiement en juillet. Comme on le sait, l'intention de ce projet pilote était de démontrer au gouvernement et aux instances civiles de Namibie, mais aussi à la communauté internationale, les effets bénéfiques d'un tel versement inconditionnel. Ces buts ont été pleinement atteints, mais le gouvernement n’est pas prêt, pour l’instant, à instaurer cette institution pour tout le pays. Une des raisons principale en est le refus des grandes entreprises multinationales d'extraction de minerais de participer au financement en versant des impôts ou des redevances d'un montant adéquat. La situation se complique encore à cause de problèmes internes, comme une corruption croissante. Les responsables du projet ont toujours dit que le projet pilote n'était pas un but en soi; mais pour l'instant ils cherchent des sources de financement pour maintenir le projet pilote vivant, d’une façon ou de l’autre.

Des rapports de toutes les régions du monde ont été présentés, avec une participation importante du Japon et de la Corée du Sud. Pour l'Europe, l'Initiative Citoyenne Européenne était au centre des présentations de plusieurs pays. Comme il se doit, les débats en Allemagne et dans l'espace germanophone ont couvert toute la gamme des thématiques autour du revenu de base, du financement aux perspectives féministes, en passant par l'économie.</p>

Une place importante a été prise par les exposés de la présidente de la All India Federation of Self-Employed Women’s Association (SEWA Bharat), qui a travaillé ces dernières années avec Guy Standing à des études sur l'introduction d'un revenu de base en Inde. Nous reviendrons sur ces expériences de façon détaillée prochainement.

L'atelier principal, qui portait le même titre que le Congrès, s'est déroulé le samedi matin avec la participation de Philippe Van Parijs, Götz Werner, Wolfgang Strengmann-Kuhn, député des Verts au Bundestag, et Stefan Ziller, des Jeunes Verts allemands. Van Parijs a insisté sur l'importance d'un dividende social, sans lequel il n'y aura pas d'Europe sociale, et il visait avec cette conviction beaucoup plus haut que la fameuse Initiative Citoyenne Européenne qui ne peut être qu'un tout petit pas dans cette direction. On saisit peut-être la portée de cette vision en réfléchissant sur l'interdépendance entre le revenu de base (c'est-à-dire l'Europe sociale) et l'autre grand déficit de ce géant bureaucratique, la démocratie…La discussion a fait ressortir de façon très claire l'importance de la conception de l'être humain, qui est le fondement du travail politique, social et scientifique, et qui influence de manière décisive les résultats de ce travail – ainsi que l'attitude envers un revenu de base. Pour dire les choses brièvement : le revenu de base inconditionnel est impensable pour les misanthropes.

En somme, le congrès a atteint son but principal, qui était de réunir les universitaires et théoriciens qui écrivent sur le revenu de base avec les activistes qui militent au quotidien dans la rue et lors de discussions avec les gens, mais aussi dans la réalité politique. C'est dans l'interaction de ces deux niveaux que s'ouvrent les chemins vers le revenu de base. Un cas exemplaire de cette interaction est l'Initiative populaire en Suisse, qui a été présentée, le samedi après-midi, par Albert Jörimann, président de BIEN-Suisse, soutenu dans le public par le vice-président Bernard Kundig.

Finalement, comme tous les congrès de BIEN, cette réunion fut l'occasion de faire ou renouveler des connaissances nombreuses et précieuses, les activistes du réseau mondial BIEN, et aussi d'autres personnes. Parmi elles, tous les auteurs des contributions internationales du livre sur le financement édité par BIEN-Suisse, à l'exception de Pieter Le Roux. Nous mentionnerons aussi Hamid Tabatabai, qui rapporte infatigablement sur le "revenu de base" versé depuis plus d'une année en Iran; Christine Boutin, ministre du gouvernement Sarkozy de 2007 à 2009, présidente du parti chrétien-démocrate français et partisane d’un revenu de base inconditionnel; Patrice Mylondo, chercheur français; Valerija Korosec, de Ljubljana, où les calculs et débats sur le revenu de base sont si avancés qu'on semble proche d'une possible introduction – si seulement le gouvernement slovène se décidait à le mettre en place…

Le prochain Congrès du réseau mondial BIEN se tiendra dans deux ans, probablement au Canada.

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