Ce soir, les différents intervenants d’infrarouge prennent la mesure de la précarité en Suisse qui s'invite au grand jour dans la crise du Coronavirus. Certains intervenants convergent vers l'idée du RBI, sans le nommer, comme s'il s'agissait d'un mot tabou, d'autres le nomment pour mieux le rejeter. On apprendra finalement que c'est dans les réseaux sociaux que le débat du RBI fait rage.
Fascinant, comme celles ou ceux qui s'y opposent n'arrivent simplement pas à appréhender ce que signifie le mot « inconditionnel » (ou idem « universel ») et pensent que le revenu de base n'est réservé qu'aux personnes inactives. On prononce "inconditionnel", mais on raisonne encore en "conditionnel".
L'inconditionnalité du RBI est un saut quantique dans la conception de la protection sociale, un nouveau contrat social et un changement de paradigme. Notre Constitution prévoit déjà que tout citoyen puisse disposer au minimum d'un revenu de base, soit un revenu suffisant pour permettre une existence digne, ceci par son travail, de rentes, par la famille ou de prestations sociales. Le RBI consiste à remplacer chez tout le monde cette tranche de revenu par un versement direct, i-n-c-o-n-d-t-i-o-n-n-e-l, que la personne travaille ou ne travaille pas, qu’elle soit riche ou pauvre, en santé ou non et sans tenir compte d’aucun autre élément de sa situation personnelle.
Il ne s’agit nullement d’une prime à la paresse puisque tout autre revenu est additionnel. Travailler plus restera gagner plus, mais travailler moins ne fera plus de vous un moins que rien. En comblant tous les trous de la protection sociale, le RBI éradique la pauvreté et supprime dans la foulée l’accompagnement social forcé qui vous met littéralement à nu, avec son univers de tracasseries administratives, de soupçon, de honte et de culpabilité qui vous rongent peut-être encore plus que le manque d'argent.
Tant que le mot "RBI" restera tabou dans nos débats médiatiques, l'idée ne pourra que grandir et se répandre parce qu'aujourd'hui, ce qui est exclu des plateaux télés s’invite et prospère dans le débat citoyen.
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