Ah, le revenu de base inconditionnel... Pour ma part, j’en rêve sans condition, sans restriction aucune ! Et cela tombe bien car Politique Intégrale invitait récemment à Morges l’association à venir parler de son initiative. Je m’y suis donc rendu, curieux de l’accueil du public. A l’entrée, au dernier étage du Grenier Bernois, pas mal de monde se presse, environs une quarantaine de personnes, preuve que le sujet est “concernant” comme on dit dans notre métier (de journaliste). Quant à l’accueil précisément, il est d’emblée amical et chaleureux : “Salut Jean-Luc, bienvenue ! Installe-toi, tu trouveras ici de la documentation, sers-toi, voici le dernier livre de Werner Kaiser “Politique intégrale” - oui je le connais dis-je, car j’en est effectué la relecture en français ! Sourire de mon interlocuteur, qui comprend alors que je fais un peu partie de la famille...
A l’entrée, trois panneaux sont disposés, sur lesquels nous pouvons coller une étiquette verte si nous sommes “pour” l’initiative, une jaune si l’on ne sait pas, et une orange si l’on est contre. J’en choisi une verte, bien entendu. Et sous le feu de l’action, je me dépêche de glaner quelques informations auprès de Bernard Genoud, grand récolteur de signatures devant l'Eternel, et Ralph Kundig, webmaster, en vue d’écrire mon article, puis je m’assieds - ouf. A noter que les chaises sont disposées de manière circulaire, avec en son centre les quatre invités de la soirée (j’y reviendrais). Et le film de Daniel Häni et Enno Schmidt sur le revenu de base commence, un des temps forts de la soirée, un film super vraiment, très convaincant, on se dit : “N'importe quel spectateur devrait se dire: “ oui bien sûr, c’est la bonne solution, celle qui va apaiser la société et l’empêcher de sombrer dans l’abîme. Cela paraît tellement évident aujourd’hui ce revenu de base de 2500 francs, octroyer à quiconque vit légalement en Suisse. Tellement humain, tellement évolué. Adieu la pauvreté, adieu l’obligation de survivre dans notre société, adieu ces conditions de vie que nous avons fixés nous-même, en misant tout sur les gagnants. Malheureusement, pour un gagnant, nous créons dix perdants... Mais pas adieu au travail, qui se poursuivrait mais d’une manière beaucoup plus sensée, comme le démontre le film. Et ce qui me plaît le plus, c’est le côté inconditionnel de la chose, enfin une proposition désintéressée, qui vient du cœur, sans clause écrite en tout petit en bas du contrat...
Bien sûr, les opposants, les incrédules - et ils ont parfaitement le droit de l’être - argumentent que si cette initiative entre en vigueur, nous irions droit à la catastrophe. Mais la catastrophe, nous y sommes déjà, il me semble ! Il suffit d’écouter les nouvelles, de regarder la télévision, pour voir le chaos dans lequel nous évoluons. Alors quand une solution intelligente comme celle ci émerge, il ne faut plus hésiter. Et des solutions intelligentes, initiées notamment par les mouvements citoyens, il y en a pleins en ce moment. Un nouveau monde se lève par rapport à l’ancien qui s’effondre. Eh oui, c’est une période de transition, difficile à vivre, mais je suis persuadé que nous finirons par franchir le torrent et atteindre l’autre rivage, pour retrouver le bonheur, le paradis sur terre !
Bon, je m’exalte un peu, pardonnez-moi. Revenons à notre soirée. C’est l’heure du débat, et nos invités s’expriment : Olivier Spinnler, médecin et philosophe, s’inquiète du prix très élevé des loyers, et craint que cela puisse pénaliser grandement le revenu minimum... “Il faudrait le déduire directement du revenu de base” propose Albert Jörimann, président suisse de BIEN. Stefania Pinelli, artiste de théâtre, estime qu’elle est de toute façon au “chômage” depuis dix ans - par le jeu des subventions - et s’interroge sur la pertinence de cette initiative. Samuel Bendahan lui, jeune député socialiste et économiste, préférerait investir massivement dans la formation, même s’il se déclare favorable à l’idée. Et c'est encourageant de l’entendre, car les politiques comme les médias brillent par leur absence en général dans ce genre de débat.
Puis la discussion se poursuit avec le public et les questions ou les remarques se succèdent : “Que faire de cette liberté que nous donnera ce revenu ? Comment le mettre en place en Suisse, et au niveau européen ?” “C’est le plus beau projet dont je n’ai jamais entendu parler !” etc, etc.
Quant à moi, je répondrais toujours concernant ce revenu de base - un peu à la manière de Coluche :“Oui, oui et oui !”
jlg